Devriez-vous abandonner un navire qui coule ou rester à bord?
Par Mark Swartz
Les collègues chuchotent entre eux dans un climat de panique. Le bruit court que les affaires vont mal. L’entreprise sombre rapidement. Nul ne sait le temps qu’il reste et qui survivra.
Quand la situation se détériore, c’est chacun pour soi. Tous doivent choisir entre rester ou partir. Il n’y a pas de scénario idéal : il faut peser le pour et le contre.
Abandonner le navire semble le choix logique, ou peut-être vaut-il mieux s’accrocher le temps que la houle passe.
Les signes qu’une entreprise fait naufrage
Les revenus fondent et l’entreprise fait des coupures. Les cadres supérieurs annoncent leur démission. Le moral est en chute libre et le désastre se profile à l’horizon.
Les médias sont sur le coup. Ils rapportent que l’employeur a fait appel à un spécialiste en redressement réputé pour relancer les entreprises en difficulté. Du jour au lendemain, de bons employés sont écartés et les projets sont annulés à un rythme alarmant.
Les avantages à rester en poste
Chaque crise amène son lot d’occasions et de risques. Les avantages peuvent être nombreux pour ceux qui choisissent de rester aux côtés d’un employeur en péril.
La concurrence entre collègues s’estompe quelque peu du fait que les employés quittent en grand nombre. Cela permet aux « loyalistes » de grimper les échelons plus rapidement et d’assumer de nouvelles fonctions. Cette ascension fera bonne impression dans un curriculum vitae, tout comme le dévouement et la productivité en période de stress intense.
En restant à bord, vous continuerez de recevoir un salaire et des avantages sociaux (pour l’instant). Par contre, les employés remerciés sont admissibles à une indemnité et à l’assurance-emploi. De plus, rester en poste vous vaudra peut-être une prime de maintien en fonction.
En prolongeant leur service, les employés qui attendent de trouver un nouveau poste pour partir peuvent chercher un nouvel emploi tranquillement. Votre patron pourrait même vous permettre d’effectuer votre recherche d’emploi sur les heures de travail.
Si l’employeur reprend du poil de la bête, les loyalistes seront les premiers récompensés. Après tout, qui d’autre serait susceptible de recevoir une promotion, une augmentation ou une mutation de qualité?
Les inconvénients à rester en poste
Un emploi précaire, c’est stressant. Employé aujourd’hui, viré le lendemain; budget solide sabré en quelques heures.
Au-delà de la volatilité, les tâches additionnelles qu’il faut assumer après le départ d’employés ajoutent à la pression. Sans compter le moral soumis à rude épreuve et le comportement malfaisant de certains employés prêts à tout pour conserver leur emploi.
Autre facteur à considérer : les employeurs potentiels pourraient se demander si la loyauté n’était qu’une excuse liée à la peur de partir. Ils voudront des preuves de bon jugement et d’initiative.
Les avantages du départ volontaire
Parfois, il est logique de démissionner avec dignité (par exemple, pour éviter que sa réputation ne soit ternie par l’échec de l’employeur). Quitter le navire avant qu’il ne coule est un signe de proactivité.
Si vous quittez votre emploi avant d’en avoir trouver un autre, vous serez à même de chercher plus tranquillement. Vous aurez ainsi l’avantage sur vos collègues frileux qui n’auront pas bougé.
Un départ volontaire sera bonifié si vous le planifiez, ou encore, si vous avez déjà un nouvel emploi.
Les désavantages du départ volontaire
Quitter son emploi avant d’en avoir trouver un autre est risqué sur le plan financier. En quittant de votre gré, vous pourriez être exclu du programme d’assurance-emploi et vous ne recevrez aucune indemnité. Des problèmes d’argent peuvent mener à des choix de carrière précipités.
Les regrets et la culpabilité peuvent aussi vous perturber. Vous aurez peut-être l’impression d’avoir abandonné des collègues appréciés et d’avoir été déloyal. Ou d’être parti trop tôt, si l’entreprise se remet sur pied.
Partir ou rester?
Être loyal ou penser d’abord à soi? Tirer le meilleur d’une situation précaire ou quitter pour saisir une nouvelle occasion?
Un navire qui coule pose un sérieux dilemme aux employés. La tempête pourrait se calmer et tous s’en sortiraient bien. Ou elle pourrait empirer et tout détruire sur son passage, dans un tumulte de vagues et d’éclairs.
Le choix du canot de sauvetage (partir ou rester) est une décision tout à fait personnelle, mais prenez-la avant que le gouvernail n’éclate en mille morceaux.