Autres emplois occupés par les joueurs de la LCF
Par le conseiller en carrières de Monster
Certains joueurs doivent cumuler plusieurs emplois ou travailler après la saison
Il ne reste plus que 10 secondes au cadran et la foule est en délire. Les flocons de neige virevoltent sur le terrain comme des confettis dans un défilé. Nous en sommes aux derniers moments de la finale de la Coupe Grey, le championnat annuel de notre Ligue canadienne de football. L’équipe locale tente un placement alors que s’égrènent les dernières secondes de la partie, le ballon tournoie entre les deux poteaux, trois points de marqués, c’est la victoire!
Vous pensez alors que les joueurs victorieux s’en vont festoyer dans le vestiaire avant de prendre la route de leurs manoirs et de s’offrir une longue et décadente période de repos? Pour le party d’après-match, vous ne vous trompez pas. Quant aux maisons luxueuses et aux très longues vacances, elles ne sont pas réservées à tout le monde.
La Ligue canadienne de football (LCF) est peut-être le pendant de la Ligue nationale de football américaine (NFL). Mais si l’euphorie est la même dans les deux circuits, les salaires des joueurs de la LCF sont bien inférieurs à ceux de leurs homologues américains.
Salaires de départ minimes dans la LCF
Dans la LCF, à sa première année, un choix de première ronde peut s’attendre à un petit boni à la signature du contrat et à un salaire d’environ 50 000 $. Les choix des rondes ultérieures et les agents libres non repêchés toucheront sans doute le salaire minimum de la LCF, soit 41 000 $ par année. Les huit équipes doivent respecter le plafond salarial imposée par la ligue, à savoir 4,2 millions $ par équipe. La Ligue procède à des vérifications après la saison et les équipes qui dépassent ce plafond se voient imposer des amendes.
N’oubliez pas qu’une saison typique dans la LCF dure environ six mois. Elle est plus longue car les joueurs doivent rester en bonne condition physique et se présenter tôt au camp d’entraînement. C’est là que les joueurs doivent impressionner l’entraîneur-chef et regagner leur place dans l’alignement de départ. Soit dit en passant, le salaire annuel de l’entraîneur-chef peut être de quelques centaines de milliers de dollars par année à deux ou trois fois ce montant.
Les salaires de la LCF augmentent, mais rien à voir avec ceux de la NFL
La situation a évolué depuis 2002 où, avant de joindre la LCF, le quart-arrière des Eskimos d’Edmonton, Ricky Ray, livrait des chips pour Frito Lay à raison de 43 000 $US par année, soit plus que ce qu’il a gagné cette année-là à Edmonton. En 2005, Ray était le joueur le mieux payé de la LCF, avec un salaire de près de 400 000 $.
Par ailleurs, Sean Fleming, le botteur des Eskimos expliquait à l’époque : « Je travaille à plein temps toute l’année chez Price Waterhouse Coopers. J’ai fait ça pendant un an et demi. Auparavant, j’étais conseiller en placements à la Financière Banque Nationale. Donc, si je résume, j’ai un emploi à plein temps et ma saison de football constitue un emploi à temps partiel. » Ce n’est pas le cas de Ricky Ray, dont les gains totaux se sont élevés à 460 000 $ en 2009, soit de quoi acheter plusieurs camions de chips!
Et ce n’est rien comparé au quart-arrière Eli Manning, dans la NFL. En 2009, Manning a accepté un prolongement de contrat avec les Giants de New York qui lui rapportera le salaire annuel moyen le plus élevé de la NFL. Ce prolongement de six ans lui vaudra éventuellement 97,5 millions $ et s’étalera jusqu’à la fin de la saison 2015.
Double emploi et travail après la saison
Pour augmenter leurs revenus, certains des joueurs les plus réputés de la LCF se tirent bien d’affaire comme conférenciers professionnels. L’ancien joueur des Argonauts de Toronto, Michael « Pinball » Clemens, qui a joué de 1989 à 2000, monnaye son talent entre les parties en donnant des conférences très lucratives.
D’autres utilisent leurs qualités athlétiques dans d’autres sphères. C’est notamment le cas d’Ian Smart, retourneur de bottés des Lions de la C.-B., qui fait office d’entraîneur de sprint dans une école secondaire privée en Floride.
D’autres joueurs font des heures supplémentaires ou travaillent après la saison en occupant des emplois sans aucun lien avec le football. Prenons le cas de George Hudson et de Greg Bearman. Ils étaient respectivement centre et arrière défensif avec les défunts Renegades d’Ottawa de la LCF. Lorsqu’ils n’écrabouillaient pas leurs adversaires sur le terrain, ces messieurs faisaient équipe dans une entreprise qui reprenait possession des voitures que leurs propriétaires n’arrivaient plus à payer. Vous imaginez un peu ces deux mastodontes venant chercher votre voiture? « Mais faites donc, messieurs, voici les clés! »
Après le football
La LCF est un milieu de travail éreintant où chaque joueur doit trimer dur. Bien entendu, à la fin de leur carrière, les joueurs se tournent vers d’autres métiers.
Certains deviennent entraîneurs d’équipes de football dans des écoles secondaires ou des universités. D’autres deviennent analystes sportifs à la télé ou encore dépisteurs en quête de nouveaux talents pour leur ancien employeur.
D’autres encore deviennent des employés à vie de la LCF, comme Pinball Clemens. Il est devenu entraîneur chef des Argonauts de Toronto après avoir accroché ses crampons en 2000. Puis il a gravi les échelons jusqu’à occuper la présidence de l’équipe. Par la suite, deuxième épisode comme entraîneur-chef de l’équipe avant de devenir PDG de l’équipe. Jusqu’en 2009, il était vice-président du conseil et cumulait plusieurs responsabilités, prodiguant des conseils et apportant son aide aux principaux programmes de partenaires de vente et corporatifs, à des programmes communautaires, moussait l’image de marque de l’équipe et s’occupait des relations avec les médias.
Il y a des moyens beaucoup moins douloureux de gagner sa vie
Fractures, commotions cérébrales, contusions et déchirures des muscles. Voilà le lot d’une journée de travail des guerriers de la LCF. Ne croyez pas un seul instant que l’équipement protecteur que cache leur uniforme les préserve des blessures et de la douleur.
Et cependant, jouer dans la LCF peut être exaltant : l’esprit de camaraderie inégalé, les fans en liesse, la chance de remporter la Coupe Grey dans les dernières secondes du match. Et ces deuxièmes emplois qui permettent d’élargir ses horizons et de ne pas avoir à tirer le diable par la queue. Qui songerait seulement à abandonner tout ça?