Ça ne colle pas avec mon patron!

Par Johanne Ménard
Collaboratrice de Monster

Ça nous arrive tous d’avoir des petits différends avec nos supérieurs sur des sujets plus ou moins importants. La plupart du temps, les choses reviennent souvent à la normale rapidement. Ne pas partager le même point de vue ou être en désaccord avec son patron, ça fait partie des relations de travail bien normales.

Mais qu’en est-il lorsque ça ne colle pas? Lorsqu’une tension continue règne entre votre patron et vous…au point de vouloir quitter son boulot?

Prendre conscience et gérer ses attentes

Peut-être que le premier volet d’une réflexion sur le sujet est de remettre les choses en perspective, à commencer par nos attentes.

  • < Est-ce raisonnable d’espérer s’entendre à merveille avec nos supérieurs tout au long de notre carrière? (À l’inverse, pourrait-on vraiment espérer plaire à 100% de nos patrons?)
  • Qu’est-ce qui constitue une attente adéquate en termes de relation professionnelle avec notre patron? Est-ce plus proche de l’amitié ou de la relation efficace, professionnelle et respectueuse?
  • S’agit-il d’irritants ponctuels et circonscrits à quelques comportements ou circonstances? Par exemple: mon patron ne vient pas toujours me dire bonjour le matin et cela me frustre. Ou s’agit-il de comportements répétés et démotivants: mon patron ne me donne jamais de rétroaction positive ou négative au point où je me demande si mon travail fait une différence dans la productivité de l’équipe.
  • Suis-je seul à vivre des tensions avec mon patron ou est-ce une expérience partagée par mes collègues et déplorée par eux? Si je suis seul à vivre ces difficultés, pourrais-je d’abord, me demander dans quelle mesure mes comportements y contribuent?

Selon les réponses à ces questions, on peut décider, dans un premier temps, de commencer par observer soigneusement la situation et essayer d’adopter la position de la « mouche sur le mur ». Que rapporterait une mouche qui observerait la relation entre mon patron et moi? Que verrait-elle de part et d’autre? Par la suite, il peut être utile d’en discuter avec un tiers en qui on a confiance et qui a la capacité de nous donner une rétroaction honnête sur les faits qu’on lui décrit. Car il s’agit bien ici de parler des faits observés: qu’est-ce qui a été dit exactement? Quels étaient les mots choisis? Quelles ont été les actions prises (toutes les actions…pas seulement celles que l’on déplore)?

Faire la part des choses

Ce qui nous amène à l’étape cruciale du départage entre d’une part, les faits et comportements observés et d’autre part, les perceptions engendrées. Par exemple: j’ai déduit que mon patron n’a pas d’égard envers moi parce qu’il ne s’adresse pas directement à moi durant les réunions d’équipe. C’est rare qu’il me demande mon opinion devant tout le monde. Mais est-ce qu’il fait cela pour m’ignorer…ou parce qu’il respecte ma très grande timidité???

Certains gestionnaires adoptent de mauvaises habitudes qui peuvent être blessantes pour leurs employés. itons par exemple, l’habitude de ne pas remercier souvent leurs collaborateurs. L’intention est-elle vraiment de heurter leurs collaborateurs? On peut penser que non et qu’il s’agit plutôt de comportements maladroits et inconscients.

Après la réflexion personnelle, la conversation avec son patron

Il va de soi que les tensions avec son patron peuvent nuire à tous les aspects de notre qualité de vie au travail et réduire notre sentiment de loyauté envers notre employeur.

Lorsqu’on a fait son examen de conscience et qu’on a déduit qu’il y a un véritable nœud dans la relation, il vaut mieux en parler avec le principal intéressé. Les conversations ad nauseam avec les collègues, les discussions de corridors, les médisances et les calomnies sont à proscrire en tout temps. Rien de cela n’aidera à résoudre l’énigme. Mieux vaut en parler directement, de façon simple et honnête avec son patron. Voici quelques suggestions pour aborder la conversation:

« Je sais que le sujet est délicat à aborder mais je suis préoccupé par notre relation de travail. J’aimerais beaucoup en parler quand tu auras quelques minutes à me consacrer, car c’est important pour mon fonctionnement au quotidien ».

« J’ai observé certaines choses dernièrement et je me suis beaucoup questionné sur mes comportements au travail et ma façon d’interagir avec toi. Je ne sais pas si tu vois les choses de la même façon que moi, mais il semble y avoir une tension entre nous. Cela est nouveau pour moi et j’aimerais en parler pour éclaircir la situation avant qu’elle ne s’aggrave. Est-ce que tu aurais un peu de temps pour qu’on en parle ensemble? »

Et quelques trucs pour converser de façon respectueuse :

  • Parler de ses sentiments, perceptions, observations en se les appropriant
  • Éviter les blâmes, les jugements de valeur
  • Laisser de la place pour l’écoute mutuelle
  • Autant que possible, maîtriser ses émotions: colère, pleurs, ton de la voix, etc
  • Présumer de la bonne foi de l’autre en pensant à son objectif ultime: améliorer la relation, pas l’empirer en se défoulant
  • Laisser de la place pour un doute raisonnable: « Peut-être n’ai-je pas raison de penser ainsi? »
  • Avoir un sens du « timing » pour le moment de la rencontre

Quand ça ne fonctionne vraiment pas

Et oui, parfois, malgré les conversations et les efforts, la relation avec le patron ne s’améliore pas. Deux choix sont possibles: soit l’on fait son deuil d’une relation meilleure et on arrête de se faire du mouron en essayant de tirer sa satisfaction au travail d’autres facteurs tel le plaisir lié aux tâches, à l’entourage, aux clients, etc.; soit l’on décide de changer d’emploi.

Quand ça devient inacceptable

Entre la préférence et l’exigence

Peut-on exiger d’avoir une bonne relation avec son patron? Pas vraiment. Mais on peut certes la préférer: c’est une attente légitime. Et comme dans toute bonne relation, chacun devra y mettre du sien.