Changer d'emploi ou pas? voilà la question!
Par Johanne Menard
Contributrice de Monster
Peut-être ne me croirez-vous pas, mais quand j’ai commencé ma carrière dans les années soixante-dix, il n’était pas rare qu’on change d’emploi après deux ans chez le même employeur. Et oui, le marché de l’emploi permettait d’envisager un tel rythme de changements. Le mot était dit : qui demeurait au même endroit longtemps risquait d’y stagner! Cela nous distinguait bien de nos parents qui, eux, étaient, pour la plupart, demeurés fidèles et loyaux au même employeur, jusqu’au moment d’obtenir leur montre en or!
Puis vinrent les récessions économiques, les fameux « downsizing » où chacun s’accrochait à son emploi et était tellement reconnaissant de pouvoir en détenir un! L’idée de partir effleurait l’esprit des plus hardis. De nos jours, certains secteurs connaissent des pénuries d’emploi et se prêtent mieux à la mobilité, d’autres sont durement contingentés à cause des difficultés financières qui les assaillent.
De tout temps… De tout temps, peu importe la situation économique ou les fluctuations du marché de l’emploi, je suis portée à croire que certains critères doivent être privilégiés dans toute réflexion sur l’opportunité ou non, de changer d’emploi.
· Être prêt pour autre chose. Il vient un temps où l’on a fait le tour de son emploi parce qu’on en maîtrise les principaux volets. Les compétences pour le faire de son mieux sont acquises; les objectifs ont été atteints et voilà que point le risque de l’ennui. Ce sont des signes qui ne mentent pas. Si l’employeur n’est pas en mesure de nous proposer une promotion à la mesure de nos capacités, il est peut-être temps de regarder ailleurs. · À chaque étape de vie! On le sait, chaque stade de vie comporte ses exigences bien propres. Il peut donc arriver qu’un emploi ne nous offre pas les conditions d’emploi auxquelles nous aspirons à un certain moment de notre carrière : flexibilité de faire du télétravail, horaire de travail conciliable avec les responsabilités parentales; possibilité de prendre des vacances en période estivale, proximité du travail, etc. À défaut de trouver satisfaction chez son employeur actuel, peut-être le moment sera-t-il opportun pour regarder ailleurs et voir si un autre employeur peut mieux rencontrer nos aspirations tout en offrant un emploi qui nous convient. · Être fidèle à soi. Certaines entreprises modifient leur mission et adaptent leurs valeurs en afin de demeurer compétitifs. Cela peut aussi se produire lorsqu’il y a changement de propriétaire d’une entreprise. Nouveaux patrons peuvent signifier nouvelles pratiques de gestion et choc de culture! Lorsque chaque jour au travail devient une source de frustration de ses valeurs personnelles et que malgré les tentatives d’adaptation ou d’influence, le tout se solde par un moral débiné et un esprit négatif, l’heure est sans doute sonnée de regarder ailleurs pour trouver chaussure à son pied!
· Plus d’argent SVP! Soyons bien concrets et vrais : le besoin d’améliorer ses revenus peut également justifier de chercher un emploi chez un autre employeur. Dans les grandes entreprises, les échelles de salaires sont souvent bien établies et la marge de manœuvre est mince lorsque les leaders veulent améliorer le revenu de leurs employés méritants. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas mais ils ne le peuvent pas pour des principes d’équité. Devant ce fait, difficile à accepter bien souvent, il vaut mieux faire une recherche et voir si un autre employeur ne pourra pas davantage satisfaire nos attentes salariales ainsi que nos besoins au niveau des avantages sociaux. · Bâtir le puzzle de sa carrière. Certains ont une vision précise de ce qu’ils veulent atteindre comme sommet de carrière. Ils sont en mesure d’identifier les étapes à franchir un peu comme on bâtit un jouet en blocs Lego. Ils sont donc prédisposés à changer d’employeurs justement pour optimiser leurs occasions d’acquérir de l’expérience dans des milieux différents, complémentaires, qui leur permettront éventuellement d’embrasser le rôle auquel ils aspirent. Ainsi, un jeune actuaire voudra-t-il œuvrer pendant un certain temps chez un assureur pour y acquérir les bases de sa profession pour ensuite se diriger vers les services d’un consultant externe. Une jeune infirmière voudra consolider les bases de sa profession dans un grand hôpital pour ensuite se diriger davantage dans un CLSC ou un autre genre de service communautaire. Le changement sera alors grandement guidé en fonction de possibilités d’acquérir de nouvelles compétences et connaissances. Tout ce qui reluit n’est pas de l’or! · Prudence! On prendra garde à se laisser séduire par les conditions dorées offertes par d’autres employeurs pour un poste équivalent à celui qu’on détient déjà. Parfois les conditions d’embauche sont très alléchantes mais la suite ne recèle pas d’autres avantages supplémentaires. On a changé 4 trente sous pour une piastre! Il faut mettre dans la balance d’un changement d’emploi ce qu’on y gagne mais aussi ce que l’on y perd (vacances cumulées, régime de retraite et autres avantages, connaissance du milieu, réseautage interne, notoriété, amitiés, etc.) · Bien regarder avant de sauter! Avant d’effectuer un changement d’emploi, mieux vaut s’être assuré qu’on a bien examiné les possibilités à l’interne, même à l’horizontal car le changement passe souvent par le développement d’autres compétences et non seulement par l’obtention de responsabilités accrues. · Tout est dans comment on le fait… Soyons honnête, dès qu’on annonce à son patron qu’on songe à quitter pour s’en aller ailleurs, on commence à être perçu comme étant la personne qui veut s’en aller, celle qui n’est plus contente de rester. Et cela n’est pas sans conséquence, du strict point de vue de la perception. Sans qu’il y ait de jugement péjoratif attaché à cette perception bien naturelle, cela voudra dire que l’employé « partant » ne fait plus partie des « plans » de son supérieur. On pourra peut-être essayer de le retenir en lui offrant autre chose…mais une fois résigné à le voir partir, il y aura changement dans l’attitude. Il faut savoir s’attendre à cela et composer avec.
Attention à ne jamais brûler les ponts en quittant son emploi car on ne sait si un jour, on aura le goût de rentrer au bercail…ou on aura besoin de bonnes références!