Conflit de générations dans les soins infirmiers

par Cindy Mehallow

Lorsque vous entreprendrez votre carrière dans les soins infirmiers, vous rencontrerez des collègues de quatre générations, dont les valeurs varient et sont parfois même aux antipodes. Ne laissez pas ces disparités nuire à votre carrière! En comprenant vos collègues, vous apprécierez ce qu’ils ont à offrir et établirez avec eux des relations de travail productives.

Une diversité insoupçonnée

De nos jours, l’infirmière moyenne est une femme blanche de 46 ans; il n’est donc pas surprenant que « les soins infirmiers soient souvent perçus comme étant le domaine des femmes blanches d’âge moyen », indique Barbara Brown, Ph.D. , infirmière autorisée, vice-présidente de la Virginia Hospital and Healthcare Association.

Mais ce qui semble faire défaut au personnel infirmier en fait de diversité de l’âge, de la race et du sexe se trouve compensé par « une diversité qui ne saute pas nécessairement aux yeux, à prime abord, à savoir la diversité de pensée », précise Justin Lombardo, responsable de la formation au Northwestern Memorial Hospital.

Lombardo a vu des infirmières gestionnaires confrontées à la nécessité de devoir répondre aux attentes distinctes de chaque génération et qui, en retour, ont diffusé la tension causée par des positions conflictuelles. Il recommande à quiconque entreprend le métier d’infirmier de chercher à comprendre chacune des quatre générations, d’évaluer leurs différences et d’établir des liens efficaces avec chaque génération.

La génération silencieuse

Nées entre 1927 et 1946, ces infirmières font le bonheur de leurs supérieurs grâce à leur éthique de travail irréprochable et à leur vaste expérience. Élevées et formées selon un modèle d’instruction militaire autoritariste, elles accomplissent leurs tâches sans jamais se plaindre.

La vue de tatouages et de perçages corporels peut rebuter ces traditionalistes. Selon Brown, les infirmières plus jeunes peuvent apaiser ce malaise en affirmant haut et fort leur engagement envers leur profession et les soins aux patients.

Les baby-boomers

Les administrateurs d’hôpitaux et les infirmiers surveillants sont souvent des femmes de cette génération, nées entre 1946 et 1964. Ces femmes ont inventé la semaine de travail de 60 heures et se définissent en grande partie par leur travail, lequel constitue souvent la source de leur confiance en soi. Pour ces femmes, il est important de trimer dur, d’en baver et d’être loyal à son employeur.

Les infirmières plus jeunes ne doivent pas s’attendre à du soutien et à de l’encadrement de la part d’un supérieur baby-boomer, explique madame Brown, elle-même baby-boomer qui, avant de joindre les rangs de la VHHA en 1993, a occupé de nombreux postes de soins infirmiers, dont ceux d’infirmière soignante, d’infirmière responsable et d’infirmière enseignante. « Trop souvent, précise-t-elle, elles associent leurs fonctions administratives à la paperasserie plutôt qu’aux personnes et aux perceptions. »

Pour faciliter leurs relations avec des supérieurs baby-boomers, les jeunes infirmiers peuvent clarifier leurs responsabilités en posant des questions simples, comme « Ma tâche consiste à faire telle chose et telle autre. Combien de temps me faut-il? Qui peut m’aider si j’ai des problèmes? Quels sont les signes qui m’indiquent que rien de ne va plus? »

La génération Nexus

Nés entre 1965 et 1981 de mères au travail, les membres de la génération Nexus constituent la première cohorte d’enfants porte-clé. Comme ils ont souvent été laissés à eux-mêmes, ces travailleurs ont tendance à être autonomes et préfèrent résoudre eux-mêmes les problèmes.

« Si vous gérez des infirmiers de la génération Nexus, décrivez l’objectif, fournissez-leur les outils pour l’atteindre et laissez-les trouver eux-mêmes une solution », suggère Brown. Par contre, ils peuvent assurer leurs supérieurs qu’ils comprennent bien le travail à faire, mais leur demanderont ensuite si certaines tâches doivent être absolument exécutées de telle ou telle manière. Les membres de la génération Nexus, qui regimbent à assumer de lourdes responsabilités, suggéreront peut-être de fractionner un travail important en petites étapes, comme la mise sur pied d’une équipe pour administrer une unité.

Les écho-boomers

Les infirmiers de cette génération, nés après 1982, présentent des caractéristiques raciales plus diversifiées que les générations antérieures, acceptent bien la structure et ne peuvent fonctionner sans la technologie.

Avant d’accepter un emploi, les écho-boomers doivent s’assurer que le poste et l’employeur leur conviennent en s’informant des technologies mises à leur disposition par l’employeur. « Les baby-boomers peuvent très difficilement comprendre cette notion de technologie, car en guise de Palm Pilot, ils vérifiaient les signes vitaux des patients et les notaient ensuite sur leurs poignets », explique Brown.

Au travail, les infirmiers devraient demander à leurs supérieurs quelles sont leurs attentes au cours des six premiers mois. « Assurez-vous que ce qu’on vous a dit aux RH correspond aux attentes de votre supérieur », recommande Brown.

Les écho-boomers peuvent également exiger une rétroaction immédiate, des réunions de fin de quart et de l’encadrement. À la demande son personnel, essentiellement constitué d’écho-boomers, Valarie Amos, infirmière autorisée, gestionnaire au Northwestern Memorial Hospital, a lancé un programme de mentorat informel, faisant suite au préceptorat officiel de l’hôpital.

Jumelé à de la communication ouverte et à de nombreuses séances d’information, le programme a permis à Amos d’obtenir un taux de conservation élevé du personnel dans les unités et a gagné le respect de ses employés. « Lorsqu’un patient était en pleine crise, il n’était pas question pour les infirmiers de me poser des questions », précise Amos, aujourd’hui directrice de la dotation au Northwestern Memorial Hospital.