Conseils pour gestionnaires débutants

Par Johanne Menard

Il faut une première fois, à tout le monde, pour tout ce que l’on fait, n’est-ce pas? Quand on peut faire ses débuts tout en évitant de se casser la « margoulette », c’est encore mieux! Cela s’applique à bien des choses mais j’ai envie de dire que c’est d’autant plus vrai pour les décisions qui touchent la gestion. Peut-être même davantage en ces temps où les attentes sont très grandes envers les dirigeants et les jugements envers leurs maladresses ou erreurs…assez souvent impitoyables!

Voici donc quelques éléments-clés suggérés à titre de CREDO pour les gestionnaires qui en sont à leurs débuts.

  • AUTHENTIQUE, TU LE SERAS!

On ne peut pas faire semblant d’avoir de l’expérience mais on peut éviter d’être la preuve vivante de son manque flagrant. Il vaut mieux avouer ne pas savoir, accepter qu’on ne peut apprendre ce nouveau rôle tout seul et aller chercher les réponses plutôt que de se fier à son intuition et improviser sans connaître les tenants et les aboutissants d’une situation.

  • DES PETITS PAS, TU FERAS!

Arriver sur ses grands échafauds et vouloir faire de grands changements est risqué pour un gestionnaire débutant. Mieux vaut prendre le pouls de la situation, réfléchir aux options, discuter avec son équipe et son supérieur avant de s’engager dans l’action. Et celle-ci a plus de chances d’être fructueuse si elle se fait à petits pas prudents et avisés. Livrer les résultats attendus, même si c’est à petites doses et sans grand éclat au début, c’est la preuve que l’on a bien fait de nous faire confiance!

  • D’APPRENDRE, TU ACCEPTERAS!

Accepter de consulter avant de prendre position, observer les plus expérimentés avant de passer à l’action, ne pas être froissé de devoir reculer pour mieux avancer, etc. : voilà des signes de maturité chez le nouveau gestionnaire qui veut réussir et qui est ouvert à l’apprentissage. La gestion s’apprend en autant qu’on accepte de le faire, une étape à la fois, avec humilité et courage. Avant de compléter un « grand fondo » en vélo, on commence par faire le tour du pâté de maison. Il en va de même pour la gestion.

À ce sujet, je recommande fortement la lecture de l’excellent article par André Camiré, « De professionnel à gestionnaire : pour un passage réussi » (1) qui décrit la transition requise pour le passage vers la nouvelle identité qu’est celle du gestionnaire. Il affirme, avec raison : « l’aptitude à l’apprentissage est la clé du succès. »

  • LES RELATIONS HUMAINES, TU CULTIVERAS!

La nervosité associée à ses débuts en gestion peut faire dévier l’investissement de son énergie dans une direction moins fructueuse. Sans en être trop conscient, on pourra avoir tendance à vouloir épater par ses compétences déjà bien établies dans son rôle précédent…avec pour conséquence de négliger ce qu’il y a de plus important : le développement des relations avec son nouveau supérieur, avec les membres de son équipe, avec ses partenaires. On ne le dira jamais assez : prendre le temps de s’asseoir avec chacun des membres de son équipe afin de mieux les connaître, de saisir leurs aspirations et leurs défis est essentiel à l’établissement d’un lien de confiance. Dans la même foulée, rencontrer son patron afin de comprendre les enjeux, les objectifs, les attentes, etc. et valider ses perceptions, est un incontournable.

  • LA CULTURE DE L’ORGANISATION, TU ADOPTERAS!

Le nouveau gestionnaire, surtout s’il commence son rôle dans une organisation qu’il ne connaît pas doit d’abord et avant tout se familiariser avec la Mission, la Vision, les Valeurs et le Style de gestion préconisés par l’entreprise. Il doit en respecter les éléments essentiels et s’en faire le modèle dans ses comportements. C’est ainsi qu’il inspirera la loyauté envers l’employeur chez les membres de son équipe.

  • DU « PEP », TU Y METTRAS!

Il n’y a rien de plus contaminant, à mon humble sens, qu’un gestionnaire qui n’est pas enthousiaste et convaincant. Le nouveau gestionnaire aura tout intérêt à aborder les différents aspects de son rôle avec dynamisme, conviction, et optimisme afin d’injecter le moral de son équipe du « voltage » requis pour atteindre les objectifs fixés, dans la joie et la bonne humeur!

  • LES ERREURS « GESTION 101 », TU ÉVITERAS!

Soyons francs, il y a des erreurs qui font plus mal que d’autres. Autant les éviter :

  • Les décisions qui minent le moral : faire preuve d’iniquité dans ses premières décisions (ex : l’allocation de vacances); ne pas consulter les membres de son équipe quand cela va de soi (ex : ce que l’on fera au party de Noël); ne pas suivre les politiques de l’employeur, etc.
  • Les changements de cap brutaux : Hélas, on voit cela de plus en plus de nos jours sur la scène politique. Un jour c’est blanc, le lendemain, on a changé d’idée…et le rationnel derrière tout cela reste évasif sinon barbouillé de mensonges flagrants. Il vaut mieux y aller avec des petits ajustements, progressifs et bien expliqués, plutôt que par coups de barre qu’on risque de regretter et qui minent notre crédibilité.
  • L’évitement des situations difficiles : Fermer les yeux sur des conflits à gérer, sur des problèmes opérationnels évidents, sur des problèmes de rendement : voilà qui fait beaucoup de tort. Mieux vaut se faire aider s’il le faut, et prendre le taureau par les cornes plutôt que de reculer aveuglément. Il ne faut pas oublier que plusieurs paires d’yeux nous regardent…
  • Faire de la microgestion : C’est malheureusement un réflexe qu’on peut avoir quand on veut trop bien faire. Il vaut mieux penser à comment on peut soutenir ceux qui font le travail et les aider à progresser plutôt que de chercher à les contrôler.

Le succès appartient au nouveau gestionnaire qui a suffisamment de « sécurité personnelle et professionnelle » pour apprendre son nouveau rôle, un défi à la fois, avec ouverture, sensibilité et dynamisme.