Exploration de l'économie de la nuit au Canada
Par Joe Issid
Au début de ma carrière, j'ai passé quelques années à travailler en Arabie saoudite en tant qu'ingénieur en logiciel. Au cours de cette période, j'ai eu la chance de vivre un bon nombre de nouvelles expériences formidables - à la fois sur le plan personnel et professionnel. L'expérience sans doute la plus fascinante se produisit annuellement pendant le mois saint du Ramadan. Pendant ce mois, l'économie entière se modifie en fonction de la majorité des gens qui jeûnent de l'aube jusqu'au crépuscule.
Par exemple, la plupart des commerces demeurent fermés pendant le jour et ouvrent leurs portes le soir lorsque le jeûne se termine. C'est-à-dire, il n'est pas rare de marcher dans un centre commercial bondé à minuit ou d'être assis sur une chaise de barbier à 2 h. Certes, il peut sembler irréel de voir une ville entière devenir instantanément nocturne, mais il est absolument nécessaire de s'assurer de ce que tous les besoins des gens soient comblés, économiques ou sociaux.
Au Canada, nous n'observons pas de tels changements dans nos habitudes de sommeils ou de consommation, mais il existe certainement une tendance croissante face aux services et activités nocturnes additionnels dans plusieurs zones urbaines. Une demande accrue concernant les services nocturnes est directement liée au potentiel de croissance économique et sociale. Plusieurs villes du Canada ayant remarqué cette industrie florissante ont encouragé leurs fonctionnaires à tirer profit efficacement de cet horaire. Voici quelques exemples de comment l'économie de la nuit évolue.
Source d'emploi
À Edmonton, l'économie de la nuit a été tenue responsable de la création de 5 807 emplois à temps complet, selon une évaluation de l'impact économique en 2010 (cette évaluation s'est concentrée sur des activités ayant lieu entre 21 h et 9 h). Bien entendu, l'impact économique de ce marché est d'une grande portée, avec un rendement économique total estimé à plus de 680 000 000 $. De plus, les salaires gagnés par ceux qui travaillent dans l'industrie nocturne représentent souvent le revenu familial, qui est censé être utilisé pour payer le loyer, les vêtements, la nourriture, etc. Manifestement, l'impact économique global est considérable.
Sécurité urbaine améliorée
La majorité des villes vivent des changements significatifs la nuit, entraînant une hausse du crime et une baisse du sentiment de sécurité. Pendant que les activités nocturnes augmentent, le besoin de mesures additionnelles pour améliorer les installations urbaines, comme le transport et l'éclairage des rues devient important. À Londres, en Angleterre, le métro souterrain (le Tube) s'est récemment développé pour offrir un service les 24 heures lors des fins de semaine. Selon le site Web Transport for London, le nombre de passagers le vendredi et le samedi a augmenté de 70 % depuis l'année 2000. Grâce à une telle augmentation des services offerts, Londres est maintenant en mesure de s'adapter à un grand nombre de citoyens qui désirent parcourir la ville après les heures de travail. Alors qu'aucune ville canadienne n'ait imité ce mouvement, il est clair qu'il s'agit d'une considération importante pour toutes les villes qui souhaitent demeurer mondialement pertinentes et compétitives.
Activités sociales
Il va sans dire que l'augmentation des services de nuit impliquera de bons avantages sociaux. Bon nombre de villes ont appris qu'il s'agit d'une manière de transformer des rues vides en un espace nocturne positif. Par exemple, les festivals Nuit Blanche qui se déroulent dans quelques villes autour du monde (y compris Montréal) offrent une bonne tribune pour de grands rassemblements sociaux qui se sont révélés extrêmement populaires. Ces types d'événements encouragent non seulement les expériences nocturnes amusantes et sécuritaires, mais elles offrent une source significative de revenu, emplois et de prestige pour la ville hôte. En 2011, 32 % des touristes internationaux qui ont visité Montréal ont fréquenté un bar ou une discothèque lors de leur passage, indique une étude de Tourisme Montréal. Il s'agit de la proportion la plus importante parmi les grandes villes canadiennes, note par ailleurs l'organisme.
Développement du tourisme
Selon Anderina Seijas, une chercheuse sur la nuit urbaine : « [...]les destinations les plus attrayantes pour les touristes sont celles offrant une large panoplie d'options de divertissement pour des âges, cultures et modes de vie différents, comprenant les familles. Cela requiert des attractions publiques et privées et des activités de loisirs nocturnes non associées à la consommation d'alcool. » Pour beaucoup de villes canadiennes, le tourisme est une importante source de revenu, emplois et la plupart des gouvernements locaux sont à la recherche de nouvelles mesures pour aider à augmenter le tourisme international. En fait, la majorité devrait tenir compte de l'évaluation de l'impact à Edmonton : « En ne favorisant pas une économie de divertissement nocturne vibrante et saine, la ville compromet ses aspirations à devenir une ville internationale ».
Amélioration de la circulation?
Si les commerces urbains prolongent leurs heures d'ouverture, cela leur offre non seulement une occasion d'améliorer leurs revenus et leur réputation, mais motive aussi les gens à rester dans ces centres urbains après les heures de travail. C'est-à-dire, une réduction de la congestion lors des heures de pointe peut se faire sentir dans les grandes villes ayant un grand volume de banlieusards, comme Montréal et Toronto.
Pour citer un vieux film, si vous construisez, ils viendront : donnez aux gens l'occasion de rester en ville et ils y resteront sûrement.