Je suis surqualifié
Par John Rossheim, collaborateur principal de Monster
Vous avez perdu votre poste de cadre dans une entreprise maintenant disparue. Vous avez envoyé 800 C.V.; résultat : une entrevue et aucune offre. Vous déplacez votre centre de recherche de plus en plus bas dans la structure hiérarchique et il vous arrive d’examiner des postes de cadres hiérarchiques chez le concurrent à l’origine du trépas de votre ancien employeur. Si vous posez votre candidature à un poste pour lequel vous êtes sans contredit surqualifié, comment espérez-vous décrocher l’emploi?
Mettez le frein sur le C.V.!
Ce qu’il ne faut pas faire : submerger les services de Ressources humaines de vos C.V. « Envoyer un C.V., c’est la façon la plus simple de se faire oublier, affirme Jeffrey Fox, auteur de Don't Send a Resume (N’envoyez pas de C.V.). Les services de RH doivent éliminer rapidement la quasi-totalité des C.V. qu’ils ont reçus pour la même offre d’emploi. Dès le premier coup d’œil sur vos innombrables qualifications, la plupart des recruteurs vous auront écarté. « Les C.V. sont lus pour être rejetés », rappelle Fox.
Mais comment donc doit procéder le candidat surqualifié? Traitez directement avec le directeur du recrutement afin de lui expliquer pourquoi vous êtes en mesure d’exceller au poste à combler. Vous pouvez soit l’appeler ou lui écrire, mais oubliez le C.V. pour la première étape de communication avec l’employeur.
Harmonisez vos qualifications avec les besoins de l’employeur
Une fois que vous avez fait le plein d’informations sur l’entreprise et le poste, vous devez trouver un moyen d’assortir parfaitement vos qualifications aux exigences du poste. « Si vous êtes surqualifié, vous devez vous concentrer sur celles de vos compétences qui satisferont les besoins de l’employeur », explique Nick Corcodilos, auteur de Ask the Headhunter (Demandez au chasseur de tête). Tout au moins au début, ne faites aucunement cas des compétences supérieures sans lien avec le poste offert.
Veillez à façonner les perceptions de l’employeur
Tôt ou tard, vous devrez sans doute envoyer un C.V. Comme jamais auparavant, vous devrez personnaliser votre présentation d’une page de vous-même. Pour mettre moins l’accent sur les éléments supérieurs de vos antécédents professionnels, « allégez certaines informations, en prenant tout de même soin de ne pas faire une fausse représentation de vous-même », précise Corcodilos.
Comment traiter une situation aussi délicate? Une solution serait d’élaborer un C.V. dans lequel les compétences pertinentes sont décrites avec force détails dans la première partie du C.V., tandis que les titres un peu plus ronflants seraient relégués discrètement en bas de page. L’accent stratégique fait partie du processus de persuasion; ainsi, l’omission d’importants jalons récents dans votre carrière constitue une duperie discutable.
Défendez le mérite de vos excellentes qualifications
Au cours de l’entrevue, si votre employeur potentiel affirme que vos extraordinaires qualifications jettent un doute sur votre candidature, définissez votre passé comme étant un atout pour votre avenir au sein de l’entreprise. « Insistez auprès du recruteur sur le fait qu’il embauchera quelqu’un qui affiche le potentiel de grimper les échelons », précise Frances Haynes, co-auteure avec Daniel Porot de 101 Toughest Interview Questions (Les 101 questions les plus difficiles en entrevue).
Écartez les objections; ne les sollicitez pas
Face aux candidats surqualifiés, les employeurs opposent souvent les objections suivantes : vous ne tarderez pas à vous ennuyer; vous ne serez pas satisfait du salaire; vous nous laisserez tomber dès que vous recevrez une meilleure offre ailleurs. « Les employeurs hésitent beaucoup à embaucher des candidats surqualifiés, car ils se disent que dès que l’économie reprendra, ils s’en iront », indique Haynes.
Si vous soulevez ces problèmes dès le début du processus de candidature, vous risquez de court-circuiter celle-ci. Tâchez plutôt de savoir ce que votre interviewer a en tête en posant des questions ouvertes : « Quoi d’autre avez-vous besoin d’entendre pour être convaincu que je suis le meilleur candidat pour ce poste? Avez-vous des questions sur ma candidature auxquelles je n’aurais pas encore répondu? » Assurez-vous simplement de connaître à l’avance toutes les questions difficiles que vos antécédents risquent de soulever, et sachez comment y répondre.
La question ultime
Enfin, soyez prêt à répondre à une question que l’interviewer risque de ne pas vous poser parce que trop embarrassante : Ne trouverez-vous pas humiliant d’accepter un poste que plusieurs considéreraient comme en deçà de vos compétences? Vous pouvez aborder ce point d’une manière indirecte en affichant une attitude positive dans tout ce que vous dites sur le poste offert et sur le fait qu’il vous va comme un gant. « Vous devez donner l’impression d’être le genre de personne qui croit que d’occuper un poste quel qu’il soit est une question d’honneur », conclut Haynes.