Les soins à domicile : carrières médicales de l'avenir?
par Bridget Wayland
Les soins à domicile constituent un domaine de travail important. La gamme de services médicaux et de services de soutien fournis par les travailleurs de ce secteur aux Canadiens invalides et à ceux qui leur donnent des soins permet aux patients de demeurer à la maison dignement et en toute sécurité, plutôt que d'avoir à déménager dans un nouvel environnement parfois coûteux, tel un hôpital ou un établissement de soins de longue durée.
Que l'on appelle ce secteur «soins communautaires», «soins ambulatoires» ou «soins à domicile», ses principaux bénéficiaires sont des personnes de tout âge aux prises avec des conditions débilitantes telles que l'insuffisance cardiaque, les maladies rénales, le cancer, le diabète, les troubles respiratoires et les maladies héréditaires ou acquises. Certaines personnes nécessitent des soins à domicile après avoir obtenu leur congé d'un centre d'hébergement ou d'un hôpital, à la suite d'une chirurgie d'un jour ou sans hospitalisation, ou après un accouchement. D'autres encore sont en phase terminale et désirent mourir dignement dans le confort de leur maison.
Les services de relève, tout comme les services à la communauté mentionnés ci-dessus, viennent en aide à plus de 2,8 millions de familles et de soignants bénévoles qui, sans être reconnus officiellement, forment à eux seuls la majorité des travailleurs du secteur des soins à domicile au Canada. De plus en plus de Canadiens profitent des services de soins ambulatoires publics disponibles dans chaque province et territoire, ainsi que des soins de garde privés.
Parmi les soignants à domicile rémunérés, on retrouve toute la panoplie des professions de la santé, allant du personnel infirmier aux travailleurs sociaux, en passant par les nutritionnistes et les diététistes, les ergothérapeutes, les orthophonistes, les inhalothérapeutes et les physiothérapeutes, sans compter toutes les personnes qui apportent une aide à domicile (aide familiale, soins personnels, préparation de repas, entretien ménager et réparations mineures à la maison) ou des services de contacts sociaux (visites amicales, service de contact téléphonique).
En assurant un suivi quotidien des patients dirigés à la maison, en les aidant au jour le jour en ce qui touche l'hygiène et la nutrition, et même parfois en s'acquittant de petites tâches ménagères, ces spécialistes sont des cadeaux du ciel pour les parents soignants et procurent une aide inestimable aux malades.
Les besoins en fait de soins médicaux communautaires suivent une courbe exponentielle. Au cours des vingt prochaines années, la population âgée augmentera considérablement; si l'on ajoute la longue espérance de vie des Canadiens, cela signifie des pressions accrues sur le système de santé qui, selon bien des gens, ne répond déjà plus à nos besoins.
Les ministères provinciaux de la santé tentent de joindre les deux bouts en réduisant la durée des séjours hospitaliers et le nombre de lits pour les soins à long terme et aigus, ainsi qu'en augmentant le nombre de chirurgies d'un jour et les congés précoces. Cela signifie que les patients sont généralement renvoyés à la maison même s'ils ont toujours besoin de soins médicaux, auparavant fournis à l'hôpital. Voilà pourquoi les services de soins à domicile prennent de l'importance.
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Heureusement, la technologie médicale à domicile a fait de grands progrès, dont l’arrivée des instruments de dialyse et des pompes à perfusion CADD®, sans mentionner les systèmes de gestion de l’information pour les soins communautaires, ce qui facilite la transition des soins de l’hôpital à la maison.
Les besoins grandissants pour ces services médicaux complexes à domicile constituent un énorme défi pour le système public de soins à domicile. Devant une demande croissante et urgente, même le budget fédéral de 50 millions par année pendant trois ans pour des projets pilotes est insuffisant, selon l’Association canadienne de soins et services à domicile (ACSSD). Cet organisme national représente des programmes gouvernementaux de soins à domicile, des OSBL et des sociétés mandataires du même secteur et des particuliers ayant un intérêt dans le domaine.
En fait, les dépenses en soins communautaires, soit 2,1 milliards par année, représentent seulement quatre pour cent du budget total alloué à la santé publique. Selon l’ACSSD, seule une augmentation radicale des fonds visant les soins de santé permettrait au gouvernement d’élaborer des programmes de soins à domicile contribuant pleinement au système de santé du pays.
De plus, l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, regroupant les onze corporations canadiennes de personnel infirmier, soutient que le gouvernement fédéral devrait donner l’exemple en établissant une structure nationale de soins à domicile qui chapeauterait les différents programmes locaux que l’on retrouve partout au pays.
Entre-temps, les services privés de soins à domicile se chargent de pallier le manque. Si les ministères provinciaux et territoriaux de la santé et des services sociaux de même que les services de santé communautaires ou régionaux emploient des travailleurs du secteur des soins communautaires, les agences privées font elles aussi appel à un grand nombre de professionnels de la santé et de travailleurs sociaux qui offrent des soins à domicile à leurs clients et leur famille en échange d’un tarif.
Par conséquent, le marché de l’emploi dans le domaine des soins ambulatoires se métamorphose. Non seulement un plus grand nombre d’emplois sont-ils offerts par les agences privées, mais ces postes exigent du personnel plus qualifié ayant reçu une formation dans l’utilisation d’équipement perfectionné de soins à domicile ou de systèmes informatiques servant à la gestion, à l’évaluation et à l’aiguillage de cas.
Présentement, le système public de soins à domicile, financièrement mal appuyé, n’offre pas de programme de rémunération très alléchant à ses travailleurs dévoués. En fait, les soins communautaires, axés sur les services et majoritairement occupés par des femmes, pourraient être considérés comme le parent pauvre des soins infirmiers, comme son secteur le plus déprécié. D’ailleurs, même si le salaire des travailleurs des soins de santé à domicile varie grandement d’une province à l’autre, il demeure partout très bas. Il peut varier entre le salaire minimum et 15$ l’heure pour les travailleurs syndiqués du secteur des soins communautaires.
Et, comme si cette indigence salariale n’était pas suffisante, les heures de travail sont souvent longues, car les employés des soins à domicile doivent se déplacer d’un domicile à l’autre, ce qui signifie beaucoup de temps consacré au transport. Certaines agences privées et certains secteurs syndiqués des services publics offrent un peu plus au chapitre des avantages sociaux, de la rémunération pour les heures supplémentaires, des vacances, des congés de maladie et des régimes de retraite. Ces avantages permettent à ces agences de conserver leur main-d’ouvre, dont le roulement tend à être élevé.
À la lumière de cette déplorable réalité, on est en droit de se demander ce qui peut bien attirer les soignants à domicile vers ce métier. La réponse, pour le moment, est que ce secteur des soins de santé offre des récompenses particulières. En effet, les travailleurs des soins à domicile sont fiers de donner à leurs patients la possibilité de vivre dans la dignité. Ces derniers, en retour, apprécient les soins personnalisés qu’ils reçoivent de même que l’autonomie dont ils jouissent en demeurant à domicile. Enfin, comme on peut s’y attendre, les familles sont immensément reconnaissantes pour les soins professionnels prodigués par ces travailleurs à leurs pères et à leurs grand-mères souffrants.
Les services de soins à domicile traversent actuellement une période de transition. Il est probable que plusieurs années devront s’écouler avant que ce secteur reprenne possession de ses moyens. Mais, en temps et lieu, les soins communautaires s’imposeront comme l’une des forces motrices de la modernisation du système de santé canadien. Et à ce moment-là, un prestige accru rejaillira sur ses thérapeutes spécialisés, ses techniciens et ses travailleurs affiliés des soins à domicile.
Pour plus d’information sur les soins à domicile, communiquez avec l’Association canadienne des soins de santé à domicile (ACSSD):
Les universités canadiennes suivantes offrent des programmes de certificat en soins à domicile à l’intention des infirmiers et infirmières ainsi que des professionnels des soins à domicile :
L’Athabaska University Centre for Nursing and Health Studies, à Athabasca (Alberta), offre un certificat universitaire en soins infirmiers à domicile («University Certificate in Home Health Nursing»). www.athabascau.ca/
L’Université de Montréal, à Montréal (Québec), offre un certificat en santé communautaire.
www.fep.umontreal.ca/program.html (cliquez sur «Santé communautaire»)
L’University of Western Ontario, à London (Ontario), offre un certificat en gestion de cas pour les soins à long terme («Certificate in Case Management for Long-Term Care») au sein de sa faculté des sciences de la santé et le Western Centre for Continuing Studies.
www.uwo.ca