Le MBA est-il devenu le nouveau baccalauréat?

Par Kerry Knapp
collaborateur de Monster

Face à la popularité croissante du MBA, de plus en plus d’employeurs l’exigent comme diplôme, même en dehors du cercle traditionnel gestion/administration/finance. Par contre, les diplômes de premier cycle perdent sans doute de leur lustre.

Se pourrait-il que ces derniers connaissent le même destin que le diplôme d’études secondaires, qu’on effleure très rapidement durant les entrevues avec des candidats? Est-ce que le MBA est devenu le « nouveau baccalauréat »?

Apparemment, la réponse est on ne peut plus claire : « Ça dépend! »

Les perspectives varient selon les recruteurs

Cindy Schwartz, superviseure du recrutement chez Quantum Management Services, est catégorique : « Absolument, le MBA est le nouveau baccalauréat. Tout le monde a un « bac » maintenant, si bien que plus personne ne se démarque. Le MBA ne garantit pas un emploi, mais il peut conférer un avantage concurrentiel. »

Gregg Blachford, directeur du Service de planification de carrière à l’Université McGill, est tout aussi catégorique : « Non, ce n’est pas le cas. Exiger d’office le MBA peut constituer un critère d’embauche très facile et certains employeurs y ont recours. Mais ils n’obtiennent alors pas un grand choix de candidats. Les bons employeurs ratissent plus large et n’excluront pas de bons candidats simplement pour une question de diplôme. »

Tiens, tiens, nos deux spécialistes du recrutement divergent d’opinion. Mais ça vous mène où finalement?

Voyons ça d’un peu plus près

Comme toujours, il faut analyser les petits détails. La bonne réponse pour vous dépend d’un certain nombre de facteurs.

  • Quel est votre domaine de spécialité? Les spécialistes conviennent que le MBA est très important si vous êtes dans le domaine de la finance, de l’administration ou de la gestion. Mais dans les autres domaines, le baccalauréat peut suffire amplement pour réussir sa carrière.
  • Quels sont vos objectifs de carrière? Si vous souhaitez devenir un gestionnaire ou un entrepreneur, le baccalauréat ne vous conférera pas l’avantage recherché. Le MBA est synonyme non seulement d’un savoir-faire et de compétences accrus, mais il vous apporte un réseau inégal de contacts d’affaires.
  • Qu’en pensent les employeurs? Si chaque employeur de votre industrie exige le MBA (que ce soit ou non justifié), vous n’avez pas le choix. À quoi bon nager à contre-courant? Mais attention : pour certains postes, en particulier ceux de cadres intermédiaires, le MBA fait de vous un candidat surqualifié et joue alors contre vous.
  • Où travaillez-vous? Si vous êtes dans une grande ville canadienne ou êtes disposé à déménager, le MBA constituera davantage un atout. Par contre, si vous vivez dans une ville plus petite et comportant peu de sièges sociaux, le baccalauréat suffira la plupart du temps.
  • Quelles autres initiales accompagnent votre nom? Dans certaines industries, un titre professionnel (p. ex., CA pour un comptable, MIRAC pour un architecte, etc.) jumelé à un baccalauréat s’avérera plus rentable qu’un MBA.
  • Qu’avez-vous d’autre à offrir? Le grand avantage du MBA, c’est ce qu’il nous apprend sur son titulaire. Schwartz et Blachford sont d’avis qu’une maîtrise montre que vous avez de l’allant et faites preuve de discipline et de persévérance. Mais ils conviennent également que « les employeurs ne s’arrêtent pas uniquement au MBA mais recherchent également un regroupement de facteurs, y compris des compétences générales (leadership, sens de la communication, relations interpersonnelles, etc.), comment en témoignent les activités étudiantes et le bénévolat ». Évaluez ce que vous avez à offrir et voyez où vous vous situez.

Une décision importante

Entreprendre un programme de MBA est une décision importante et sous-entend un énorme investissement de temps, d’énergie et d’argent. Au Canada, bien que les frais de scolarité associés au MBA s’élèvent en moyenne à 23 000 $, les écoles les mieux cotées comme Rotman, Ivey ou Queen’s peuvent facturer jusqu’à 60 000 $. Et même si le MBA peut accroître votre rémunération, il ne garantit plus un salaire d’au moins 100 000 $ comme c’était auparavant le cas.

Mais surtout, dites-vous bien que le MBA ne vous sera utile que s’il vous même là où vous souhaitez aller. Comme le souligne Blachford : « Si vous entreprenez un programme de MBA, assurez-vous de savoir pourquoi et quel est votre objectif. » Les attentes des diplômés sont élevées et le diplôme obtenu n’y répond pas toujours. Donc, si vous vous lancez, faites-le pour vivre l’expérience et pas simplement en tirer des avantages.