Comment optimiser la relation avec un patron...plus jeune que soi
Par Johanne Menard
Contributrice de Monster
Je vous parle d’une expérience vécue. Ce que je craignais beaucoup est arrivé : ma nouvelle patronne était beaucoup plus jeune que moi. Pour tout dire, j’ai grincé des dents et secrètement piaffé contre ce que je percevais comme étant une humiliation, à prime abord, puis, au fil du temps, j’ai constaté que cette situation pouvait être gagnante…pour nous deux! Cette patronne s’est révélée être un excellent leader qui m’a aidée à relever des défis intéressants tout en sachant m’accorder ma place au soleil.
Se rapporter à un patron plus jeune est le cas vécu par plusieurs boomers et travailleurs d’aujourd’hui. Selon un sondage effectué en 2012 par un site de recherche d’emplois, CareerBuilder, 34% des travailleurs actuels sont dans cette situation. En effet, les travailleurs actuels tendent à demeurer à l’emploi plus longtemps, soit par choix, soit pour améliorer leur situation financière à la retraite. Ainsi se multiplient les chances qu’ils se retrouvent en subordination à des patrons plus jeunes qu’eux. Autant en tirer le meilleur parti, n’est-ce pas? Voyons comment on peut s’y faire avec grâce et enthousiame.
Adopter une bonne attitude
Ça peut sembler difficile à avaler comme pilule le fait d’avoir un patron de l’âge de son fils ou de sa fille. Mais au lieu de nourrir des sentiments négatifs tels le ressentiment, la peur de l’inconnu, l’apitoiement sur soi ou le sentiment d’échec, sans doute vaut-il mieux miser sur les bénéfices substantiels qui en découlent pour les deux partis. En effet, c’est l’occasion d’apprendre de nouvelles façons d’analyser les situations, de prendre des décisions et de se familiariser avec la technologie. La meilleure attitude à adopter est celle de la recherche du succès mutuel : le vôtre et celui de votre patron. Si vous décidez de demeurer à l’emploi d’un patron plus jeune que vous, vous avez fait le choix, par définition, de lui être loyal et de contribuer à sa réussite en l’aidant à accomplir ses objectifs et en le respectant. Si ce n’est plus votre but, mieux vaut chercher un autre emploi car continuer à travailler et à grommeler dans le dos de votre supérieur ne vous attirera que des bosses! (sans jeu de mots!)
Faire équipe avec son jeune patron
Vous gagnerez à reconnaître les forces de votre patron. Rien ne vous empêche de mettre à profit les vôtres quand celles-ci sont complémentaires et pertinentes. Ainsi, grâce à votre expérience antérieure, vous pourrez aider votre patron à voguer dans des eaux où il s’y connaît moins et à trouver des façons de faire plus faciles, moins risquées et certes, moins coûteuses. Souvent, le fait d’expliquer le contexte historique d’une situation difficile à son patron peut l’aider à y voir clair et à conserver son calme. Peu importe la situation, en tant qu’employé plus âgé, on mettra de côté les conseils du genre « tu devrais faire ceci ou cela » pour les remplacer par des suggestions amenées avec délicatesse dans le genre : « tu pourrais contempler certaines options telles…. » ou encore : « j’ai déjà rencontré une situation similaire. J’ai trouvé utile de ….. ». Ce genre d’échange se prête mieux à des conversations privées et au cours desquelles le leadership du patron et son expertise ne sont jamais publiquement remis en question.
S’entendre sur les meilleures façons de communiquer
Les employés plus âgés ont été habitués à des rencontres face à face, et beaucoup moins à des courriels et à des textos. Mieux vaut ne pas présumer quant aux préférences de son patron. Pourquoi ne pas s’en parler franchement et s’entendre sur le mode qui fonctionne le mieux. Il faudra peut-être apprendre des nouvelles façons de faire et s’y habituer mais cela évitera bien des malentendus et des tensions.
Est-ce que cela veut dire qu’il faut sacrifier son authenticité personnelle pour autant et devenir un « clône » de son jeune patron dans ses manières? Pas du tout. Je crois qu’il faut savoir s’adapter tout en se respectant aussi. Changer sa tenue vestimentaire pour faire « jeune », adopter des expressions « jeunes » ou faire semblant de s’intéresser à des sujets « jeunes » ne sera pas convaincant pour personne…et risque même de nous ridiculiser. Mieux vaut impressionner son patron par notre rendement exceptionnel, au-delà des attentes, que par une tentative d’être « cool »!
Demeurer dans les limites de son rôle
La tentation peut être forte pour les boomers de sauter la clôture de leur rôle de subordonné et de devenir les parents de leur patron. Attention : Il ou elle n’est pas votre fils ou votre fille! Il faut s’abstenir de transformer la critique constructive en admonestation parentale ou encore le soutien émotif raisonnable en amour inconditionnel! À bannir de son langage le fameux : « Quand j’avais ton âge….!!! »
Mériter le respect de son patron
Avoir un « âge certain » ne nous décerne pas automatiquement la compétence pour faire notre travail de façon brillante. Le respect de ce dernier se mérite, à chaque jour, et grâce à un bon rendement soutenu et à une loyauté inébranlable.
Faire fi des stéréotypes et opter pour la flexibilité
Autant vous souhaitez que votre jeune patron ne vous impute pas tous les stéréotypes qui sont associés à votre génération, autant le souhaite-t-il également à son égard. Mieux vaut ne pas tomber dans le panneau de déblatérer contre les « jeunes d’aujourd’hui » et de médire sur leur génération. Prôner la complémentarité des générations a certes meilleur goût. Pour honorer ce principe, encore faudra-t-il que les « babines suivent les bottines » et que les employés plus âgés démontrent concrètement leur ouverture à des nouvelles façons de faire les choses et se montrent flexibles devant les nouvelles idées. Cela voudra dire se tenir au courant des nouveautés, apprendre des nouvelles habiletés technologiques et se dépasser.
On y gagne tous!
Quoi de mieux pour conserver sa propre jeunesse n’est-ce pas? Se priver du bonheur d’un climat de travail sain et productif à cause d’une différence d’âge : est-ce vraiment une option? Misons davantage sur ce qui nous rassemble (intérêts, vision du succès, etc.) que sur le fait que des années nous séparent.