Passer sous le bistouri pour sa carrière

par Melanie Joy Douglas

Des sondages récents auprès des utilisateurs de Monster Canada démontrent que non seulement ceux-ci croient que l’âgisme est un important facteur à l’embauche, mais que du travail entrepris sur leur apparence améliorerait aussi leur potentiel professionnel.

Est-ce alors surprenant que de plus en plus de Canadiens et Canadiennes demandent à recevoir des interventions chirurgicales?

D’après un sondage Medicard (le plus récent de ce genre), les chirurgies esthétiques ont augmenté de 24,6% en juste un an, avec les remodelages faciaux chirurgicaux à 52%. Incroyablement, les remodelages faciaux non-chirurgicaux ont grimpé de plus de 300%, et ce d’il y a quatre ans déjà! Les injections au collagène, le Botox et les traitements au laser sont devenus si populaires que les chirurgiens esthétiques n’arrivent plus à répondre à la demande.

Avec l’abolition de la retraite obligatoire et les baby-boomers qui n’ont pas l’intention de quitter de sitôt, il y a certes une motivation présente avec cette génération pour maintenir une image jeune et chic.

Entretemps, les attitudes envers l’âgisme en général ont commencé à changer. Selon un sondage récent de ACNielsen Global Omnibus, la plupart des répondants et répondantes canadiens sont d’accord que «la quarantaine est la nouvelle trentaine» et plus que la moitié étaient aussi certaine que la «soixantaine était le nouvel âge mûr». Il n’est alors aucunement surprenant que 87% de tous les patients et patientes intéressés par la chirurgie esthétique soient âgés entre 35 et 50 ans.

Colleen Clarke, une spécialiste des carrières chez Monster, attribue en grande partie la hausse de procédures chirurgicales esthétiques à ce qu’elle appelle «l’orgueil des baby-boomers.» Clarke croit que sa génération est beaucoup plus orgueilleuse que toutes celles des décennies précédentes. «Nous avons grandi avec les vêtements griffés, les gymnases et un taux de divorce de 50%, ce qui laisse l’autre moitié de la population des baby-boomers à vouloir être attrayant ou attrayante pour trouver un nouveau partenaire,» explique-t-elle. Elle note aussi que les choses étaient différentes pour la génération des ses parents : «nous avons soudainement cinquante ans et remarquons que, wow, le bronzage que nous trainons sur nous depuis cinquante ans a maintenant contribué à tout plein de rides sur notre visage, mais nous nous sentons quand-même jeune,» dit-elle.

«Certain(e)s d’entre nous sont en pleine forme et courons encore les marathons… et nous voulons certainement pouvoir nous faire remarquer,» continue Clarke. «C’est la suite logique de se rendre ensuite chez le chirurgien pour se faire fixer les cous ridés et les paupières tombantes.» Et pourquoi pas? Les procédures esthétiques n’ont jamais été aussi abordables et faciles d’accès, et ce grâce aux avancements techniques et à l’immense demande pour ces services.

En réponse au sondage le plus récent de Monster qui demandait : «Croyez-vous que l’âgisme soit un facteur dans votre milieu de travail?» un gros 62% ont répondu que «l’âgisme est un facteur évident lors de la considération de candidats,» tandis que 17% pensent que l’âgisme est «un peu important»; leurs entreprises semblant préférer des candidats d’un certain groupe d’âge. Seulement 19% affirment que les candidats de tous les âges sont pris en considération dans leurs entreprises.

Dr John Dmytryshyn, qui possède trente ans d’expérience en chirurgie esthétique, est d’accord avec le fait que les procédures à effraction minimale ont pris le dessus sur les chirurgies plastiques. «27% des chirurgies sont plastiques, tandis que les autres sont d’ordre esthétiques, telles que le Botox, les produits de remplissage et les traitements au laser,» dit-il de son bureau à Vancouver. «Le secteur de l’antivieillissement est en plein boom en ce moment.»

La beauté au travail

Lors d’un sondage récent compilé par Monster Canada auprès de 4 397 personnes, 47% ont répondu que oui, elles croient qu’une chirurgie plastique ou de la dentisterie esthétique les aideraient définitivement à faire avancer leur carrière; 38% étaient en désaccord, tandis que 14% étaient incertains. Un sondage similaire a été effectué aux États-Unis par Monster.com : 53% sont d’accord qu’une chirurgie esthétique ou dentaire ferait avancer leur carrière, tandis que 31% n’étaient pas d’accord et le même 14% ont déclaré ne pas être certains.

Sauf que, dans le monde du travail, l’apparence est-elle vraiment importante? Votre C.V. n’est-il pas plus important que vos rides?

Malheureusement les recherches scientifiques supportent les résultats de nos sondages Monster. Plusieurs recherches sur «la beauté au travail» démontrent que :

  • Les hommes peu ou non séduisants auraient gagné 15% moins que ceux qui sont considérés attrayants, tandis que les femmes peu jolies auraient gagné 11% de moins que celles plus attrayantes.
  • Les grandes personnes gagnent considérablement plus d’argent au cours de leur carrière, comparé à leurs collègues qui sont plus petits. Chaque pouce ajouterait environ 1000$ par année à leur salaire.
  • Les femmes avec un excès de poids auraient plus de chance à être sans emploi. Les femmes employées qui sont considérées comme obèses (d’après leur indice de masse corporelle), gagneraient 17% moins d’argent que les femmes pour lesquelles le poids se situe dans l’étendue de leur IMC.

Tout ça paraît injuste, sauf que les êtres humains, fait surprenant, sont programmés génétiquement à réagir à la beauté. Des études avec des bébés ont démontré que ceux-ci regarderont plus longtemps et plus intensément les jolis visages. En tant qu’enfants, la plupart d’entre nous croyaient que nos jolis professeurs étaient plus intelligents que ceux qui étaient moins jolis. Ce qui est malheureux, c’est que nous avons encore en nous ces stéréotypes, même si nous ne nous en rendons pas compte.

Nous pensons à tout plein de choses dépendamment de la manière à laquelle ressemblent nos collègues de travail. Par exemple, Dr Dmytryshyn indique qu’avec l’âge, plusieurs d’entre nous collectionneront des bagages supplémentaires sur nos visages, spécialement les yeux, ce qui nous donne l’air d’être fatigué(e)s ou nous vieillit. «Les gens ne sont pas aussi observateurs que nous pensons,» dit-il. «Ils ne remarquent pas l’excès de peau ou les poches de gras autour des paupières, ils diront plutôt que nous avons l’air fatigué(e).» Si les collègues de travail, les clients et même les gérants nous disent que nous avons l’air fatigué à tous les jours, même si nous avons eu assez de sommeil et nous nous sentons en pleine forme, ceci est suffisant pour perturber plusieurs d’entre nous, même les plus confidents, et donc passer davantage de temps devant le miroir. À raison ou à tord, les gens feront rapidement le lien entre ce qu’ils croient être des visages fatigués ou usés à de faibles taux de productivité, de concentration, et la supposition la plus dévastatrice, à moins de dévouement au travail.

Alors, les clients et clientes du Dr Dmytryshyn sont reconnaissants lorsque, après leur chirurgie, les gens les complimentent à propos de comment ils ou elles semblent être «rafraîchis» et comment leur apparence semble s’être «beaucoup améliorée», comment ils ou elles «doivent avoir eu de bonnes vacances» et qu’ils ou qu’elles semblent «être rempli d’énergie pour retourner au travail.» De sorte que, remarque Dr Dmytryshyn, ces excellentes remarques s’additionnent et aident à l’estime de soi et à la réussite sur plusieurs côtés, leur carrière en faisant une grande partie.

«Personne vient vraiment me voir en disant, «je veux une chirurgie sur mes paupières pour faire avancer ma carrière »,» explique Dr Dmytryshyn. «C’est lors de conversations et de temps passés ensemble que je réalise qu’ils ou qu’elles sont entre deux emplois, qu’ils ou qu’elles convoitent un nouvel emploi ou bien qu’ils ou qu’elles voudraient modifier un aspect ou l’autre de leur carrière. Ils ou elles sont peut-être en congé quelconque et voudraient en profiter pour améliorer leur apparence. Cette idée leur vient progressivement. C’est subtile, mais définitivement lié à leur carrière.»

«La chirurgie esthétique est une question d’estime de soi,» poursuit-il. «C’est à propos du niveau de confort qu’on ressent vis-à-vis notre corps. Nous possédons tous et toutes une impression de notre apparence. Aussi longtemps que nous croyons bien paraître, nous nous sentirons bien dans notre peau.» Il va sans dire que la décision à savoir si notre apparence requiert ou non une chirurgie esthétique est laissée au choix de l’individu.

Bien que les clients du Dr Dmytryshyn proviennent d’une grande variété de professions, comme professeurs jusqu’aux cadres, il remarque que les vendeurs forment une grande partie de sa clientèle. «Ceux-ci ont besoin de donner bonne impression,» explique-t-il. «Ils sont bons dans leur travail, mais ils doivent aussi être beaux pour leurs clients.»

Seulement qu’un morceau du casse-tête

Avant de considérer la chirurgie esthétique, le Dr Dmytryshyn et Colleen Clarke nous avisent d’avoir bien réfléchi à tous les essentiels d’abord. Lorsque nous cherchons pour des moyens d’améliorer notre apparence, nous devrions explorer toutes les autres options en premier, comme la santé, les exercices, la coiffure, le maquillage, les vêtements et spécialement la manière dont nous nous comportons.

«Je crois qu’il est juste de pouvoir ensuite considérer la chirurgie esthétique après l’exténuation de ces solutions,» explique Dr Dmytryshyn. «C’est normal de dire, «écoutez, mes dents sont vraiment mal placées et j’aimerais les voir corrigées» ou «aucun maquillage ne parvient à masquer mes paupières tombantes.» Je crois qu’il est bien de songer à la chirurgie esthétique qu'après avoir exploré les autres options et non avant. Je regarde la chirurgie esthétique comme un dernier recours ou une touche finale pour faire une différence.»

Tout comme plusieurs autres chirurgiens esthétiques, Dr Dmytryshyn rencontrent certaines gens qui croient que la chirurgie esthétique va changer leur vie, mais il est vite à leur répondre que non. «La chirurgie esthétique vous aidera peut-être avec votre estime de soi, mais elle ne résoudra pas vos problèmes… Ce n’est qu’un morceau du casse-tête. Vous devrez effectuer le reste du travail,» avertit-il. «Même si la chirurgie esthétique est maintenant plus accessible, utilisons-la quand-même avec modération. Ce n’est pas la solution pour tous les problèmes physiques. Il existe tellement d’autres choses plus importantes dans la vie.»

Cliquez sur les liens ci-dessous (en anglais) pour accéder aux résultats du sondage de Monster Canada :

- Do you think having plastic surgery or cosmetic dental work would help your career?

(Croyez-vous qu’une chirurgie plastique ou de la dentisterie esthétique vous aiderait dans votre carrière?)

- Do you feel ageism exists in your workplace?
(Croyez-vous que l’âgisme soit un facteur dans votre milieu de travail?)

Traduit par Josée Mercier