Quand et pourquoi accepter une mutation latérale?

par Barbara Reinhold

«Une promotion ou ma démission» a longtemps semblé le mot d'ordre dans les entreprises. Mais, à l'aube d'un nouveau millénaire, de plus en plus de gens découvrent un autre «sillon» professionnel : la mutation latérale. Mais pourquoi? Quels en sont les avantages pour les employés et les employeurs?

Quand les employés en bénéficient-ils?

Notre «métabolisme professionnel» nous avertit quand il est grand temps de quitter un poste, qu'un autre emploi soit disponible ou non, que notre famille soit ou ne soit pas préparée à ce bouleversement. Si on attend plus longtemps que notre corps et notre esprit ne peuvent le supporter, on en paie lourdement le prix, émotivement, mais aussi souvent physiquement.

Voici quelques situations où une mutation latérale pourrait être le bon choix :

  • Quand vous voulez plus de défis, mais pas plus de responsabilités parce que votre vie personnelle en comporte suffisamment
  • Quand votre conjoint est muté ailleurs et que votre entreprise a une succursale au même endroit
  • Quand vous êtes en conflit avec votre superviseur ou un collègue et que rien ne semble se régler
  • Quand on se prépare à réduire l'effectif de votre service et que vous ne désirez pas quitter l'entreprise
  • Quand vous prenez des cours ou préparez un diplôme et que vous n'avez pas besoin du stress d'une promotion
  • Quand vous désirez prendre de l'expérience dans un domaine particulier en vue d'un changement de poste
  • Quand cela représente l'occasion de travailler sous les ordres de quelqu'un de qui vous pouvez apprendre beaucoup

En quoi est-ce bon pour une entreprise?

D'abord, cela permet à l'employeur de conserver de bons éléments dont le travail est devenu routinier, ennuyeux. De plus, on évite les coûts liés au recrutement et à la formation de nouvelles recrues, sans compter le risque qu'un ex-employé révèle des secrets professionnels à une entreprise concurrente.

Les mutations latérales permettent aux employeurs de déplacer les employés là ils en ont besoin. Dans un organisme où peu de postes cadres sont disponibles, cela donne la chance à tous de relever de nouveaux défis sans passer par une promotion. Cette solution sert d'antidote à la proverbiale plainte des employés qui disent plafonner et s'ennuyer à mourir.

Devrais-je viser le haut plutôt que les côtés?

Pas nécessairement. Dans une entreprise où l'accent est mis sur l'importance des nouveaux défis et l'acquisition de nouvelles compétences, les mutations latérales ne semblent pas du tout bizarres. En fait, elles y sont accueillies plutôt comme les défis énergisants qu'elles peuvent être. Par contre, dans les milieux encore imprégnés des vestiges d'une hiérarchie de type militaire, il en va tout autrement. Mais dans ces endroits, de nos jours, rien ne va très bien, n'est-ce pas?

Les mutations latérales fonctionnent mieux dans les entreprises où le personnel profite d'une certaine flexibilité et d'avantages qui lui font sentir qu'il progresse dans sa carrière. Comme toute autre innovation, ce type de mutation réussira là où les décideurs, tout comme les employés, veulent à la fois le bien de l'entreprise et le leur.

M. Jacques Werth, expert en matière de ventes et auteur de High Probability Selling, et Guy Claxton, auteur de Hare Brain, Tortoise Mind, conseillent tous les deux de ne pas hésiter à rompre avec la tradition («une promotion ou ma démission»). Une mutation latérale, parce qu'elle convient à votre situation actuelle, peut être une excellente façon de commencer à exercer un plus grand contrôle sur votre carrière.