Remonter la pente après une mauvaise référence
Par Johanne Menard
Un des facteurs les plus importants dans le processus d’obtenir un nouvel emploi est l’obtention de bonnes références professionnelles à son sujet. Cela semble simple au premier abord, voire banal, mais il y a plus qu’il n’y paraît dans cette étape cruciale. On est parfois si emballé d’être « rendu » à ce moment clé du processus qu’on oublie peut-être d’y mettre le temps et la réflexion nécessaires afin de s’assurer que le témoignage fourni lors de la prise des références jouera en notre faveur!
Quand cela se produit…
Et voilà que ce qu’on n’avait pas anticipé se produit… La référence professionnelle qu’on a fourni donne un feedback moins que favorable et cela fait en sorte que l’on n’obtient pas le poste convoité. Impossible de faire marche arrière en argumentant le contraire auprès de l’employeur qui recrute : le mal est fait et il faut avaler la pilule!
Reste que l’on peut apprendre de cette expérience pour le moins décevante et remonter la pente!
- Il faut remettre le contenu de la référence dans son contexte global. Tout ce qui a été partagé dans le cadre de la référence ne peut avoir été négatif. Il est utile de noter le commentaire défavorable et de le mettre en parallèle avec ce qui a été dit de positif.
- Il vaut la peine de bien comprendre ce qui est reproché dans le rendement au travail. La meilleure façon de saisir c’est de demander des exemples apportés pour soutenir la référence négative. Il y a plus de chances qu’on se reconnaisse dans les exemples cités que dans le jugement porté.
- Il faut faire la distinction entre un commentaire portant sur notre personnalité (nos traits de caractère, nos comportements, nos attitudes, etc.) et sur notre performance (notre capacité à rencontrer les objectifs, à remplir les tâches demandées, à suivre les directives, etc.). Notre ancien patron peut juger que l’on n’a pas la « personnalité » ou le « style » requis pour un poste ou un type d’entreprise donné et sentir qu’il a le devoir d’en informer le recruteur. Cela ne nous enlève pas tout notre bagage de compétences et d’expérience qui nous permettront sans doute d’être plus performant dans un autre contexte organisationnel.
Faut-il se laisser abattre? Pas plus de quelques minutes ! L’important c’est de rebondir rapidement et de se dire que la prochaine fois, on saura mieux faire.
- L’une des premières choses à faire est de communiquer avec la personne qui a donné la référence négative à notre sujet afin de bien saisir son propos. Vous aurez eu la version du recruteur ; autant avoir celle de l’auteur de la référence, question de connaître les deux côtés de la médaille. C’est l’occasion pour vous d’être en position d’écoute respectueuse et d’essayer de bien comprendre le feedback donné. Le moment est bon pour demander des questions de compréhension et pour solliciter des explications et surtout des exemples qui illustrent les lacunes invoquées. Le moment est très mal choisi pour jeter son dévolu sur la personne et pour contester tous ses dires ! Mieux vaut laisser l’image d’un professionnel, capable d’encaisser le moins bon bulletin et surtout, déjà prêt à remonter la côte.
- Il ne sera pas inutile de réfléchir sur ce qui a été dit de négatif à son sujet et d’en valider le contenu avec des membres de son entourage en qui on a confiance. Parfois, l’échange plus décontracté et naturel que cela permet, est justement l’occasion de mieux comprendre. Je me souviens de l’exemple d’un aspirant directeur à qui l’on avait refusé un poste sur la base d’une référence professionnelle invoquant son côté « suffisant ». Ce candidat se percevait pourtant comme étant une personne modeste et très discrète. Une fois qu’il eut la chance d’en parler avec des personnes qui le connaissaient bien, il comprit, qu’en effet, il pouvait dégager cette image lorsqu’il était dans une situation où il éprouvait du stress et un manque de contrôle. Il travailla donc sur ce comportement qui lui avait tant nui…et il finit par obtenir le poste de direction dont il rêvait lors d’un prochain concours. Ce petit ajustement fit toute la différence pour lui.
PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CORNES
- S’il s’avère que vous n’avez pas le choix de donner le nom de votre ancien employeur et que vous craignez fort que ses commentaires vous nuisent, prenez les devants. Expliquez au recruteur ce qui s’est passé avec cet employeur et surtout, faites ressortir ce que vous avez appris de votre expérience avec ce dernier. Vous pourrez citer des exemples de changements, d’améliorations, de prises de conscience de votre part qui démontreront que vous avez appris à corriger les faiblesses reprochées.
- Si le recruteur est ouvert à cette possibilité, donnez le nom d’un collègue à titre de référence professionnelle. Cette personne, qui vous aura côtoyé de près, pourra témoigner de vos forces et avoir des mots justes sur votre rendement. Une telle référence peut être complémentaire à celle que l’on peut obtenir de la part d’un ancien superviseur avec qui on a eu maille à partir, parfois pour des raisons qui ont peu à voir avec le travail même.
PRÉCAUTIONS IMPORTANTES !
Un ancien employeur peut fournir une référence professionnelle à votre sujet en respectant des prescriptions très clairement établies :
- Il ne doit fournir aucune information sur votre orientation sexuelle, sur votre âge, votre religion, vos origines ou votre statut civil.
- Il doit reléguer aux oubliettes tout renseignement sur votre vie privée : ex : vos passe-temps, vos voyages, vos arrangements pour la garde de vos enfants, etc.
- De façon globale, les commentaires négatifs doivent se limiter à ceux que l’employeur est en mesure de justifier. Il a le devoir de ne pas nuire indûment et sans justification à votre employabilité.
Le point le plus important à retenir est que vous devez avoir donné votre consentement écrit avant qu’un ancien employeur puisse donner une référence professionnelle à votre sujet. Assurez-vous que cette obligation soit respectée !