Travailler fort, célébrer dignement

Par Johanne Ménard,
Collaboratrice de Monster

La période des Fêtes approche à grands pas et avec elle, les partys de bureau qui viendront meubler la portion sociale de nos agendas. Ces rencontres festives font maintenant partie de nos mœurs et revêtent une importance non négligeable, étant donné la présence de notre entourage de travail. Après tout, nous consacrons le plus clair de notre vie active au travail avec des gens qui, un peu par défaut, composent notre second cercle social.

Pour les employeurs, ces événements permettent de souligner le bon travail des employés et de célébrer avec eux, dans une atmosphère de réjouissance et dans contexte autre que celui du travail.

Cependant, afin que cette noble intention se concrétise, chacun se doit d’agir de façon responsable. Voici donc quelques jalons qui pourront alimenter votre réflexion à ce sujet:

L’ÉTHIQUE PROFESSIONNELLE NE FAIT PAS RELÂCHE

Ce n’est pas parce qu’un événement social est tenu en dehors des lieux d’affaires habituels qu’il ne s’agit pas d’une activité liée au travail. Lorsqu’un employeur organise ce type d’activité, il préférable de le considérer comme un prolongement du travail. Qu’il soit question d’un cocktail chez un client, d’un party sur les lieux d’affaires ou d’une fête dans une salle louée, le Code de conduite professionnelle en vigueur dans l’entreprise (ou son équivalent) s’applique toujours.

À titre d’exemple, un gestionnaire me racontait qu’un de ses employés s’était conduit de façon totalement inacceptable durant un party de Noël. Ce dernier aurait insulté un garçon de table et l’aurait ensuite menacé de coups. Le gestionnaire était alors bien embêté de lui adresser quelque reproche que ce soit, puisque le tout s’était produit « en dehors du bureau », là où il jugeait ne plus détenir d’autorité. Selon moi, ce gestionnaire était tout à fait justifié de rencontrer l’employé en question et de lui rappeler son engagement à respecter le Code de conduite professionnelle de l’entreprise dans le cadre d’activités liées à l’exercice de son emploi.

WORK HARD, PLAY HARD!

Cet adage m’a toujours fait sourire, car on y reconnaît l’efficacité de la formule à l’américaine. Il n’y a en effet aucun mal à vouloir célébrer joyeusement, surtout lorsqu’on savoure ce plaisir en compagnie de notre groupe de travail. Ce n’est pas souvent dans le cours d’une année qu’on peut véritablement s’arrêter et fêter ensemble la joie de nos accomplissements au travail. C’est donc pratique courante d’arriver aux partys de bureau avec une « soif » de « lâcher notre lousse ». Cette anticipation joyeuse est souvent nourrie par les informations provenant des comités sociaux, dont le rôle est de créer des ambiances de détente, de surprise, de célébration.

Afin que l’adage « work hard, play hard » prenne tout son sens, je proposerais qu’il soit assaisonné d’une bonne dose de « gros bon sens ». Fêter raisonnablement, en demeurant fidèle à ses valeurs personnelles et en respectant ses collègues et supérieurs de travail, aura toujours sa place. Adopter des comportements excessifs et probablement très différents de ceux que l’on afficherait dans son milieu familial ou avec ses amis proches, est toujours risqué…surtout dans un contexte de party de bureau.

À CHAQUE PARTY SON LENDEMAIN

Il faut toujours garder à l’esprit qu’il y aura un lendemain au party de bureau et qu’on devra faire face à son patron, à ses collègues. Si on ne tient pas à nourrir les pages Facebook lors des jours suivant le party, voici quelques pistes à considérer:

  1. Consommer avec modération. On ne le dira ou ne l’écrira jamais assez. La consommation raisonnable d’alcool est un des grands plaisirs de la vie. La consommation excessive, quant à elle, représente un risque majeur de mauvaise conduite. Vous avez probablement déjà été témoin de farces inappropriées, de rires trop fort, de commentaires grivois, de danses débridées, de mains baladeuses, etc. Ce n’est pas un secret; l’alcool réduit considérablement notre seuil d’inhibition, il faut s’en méfier. Se fixer un nombre de consommations à l’avance et passer aux boissons non alcoolisées en fin de soirée est une bonne stratégie pour rester en contrôle. Il arrive également que des employeurs mettent des alcotests à la disposition des convives. Pourquoi ne pas s’en prévaloir en cours de soirée…et non juste avant de partir?
  2. Se vêtir de façon appropriée. Si on ne veut pas que notre sillon mammaire soit le sujet de l’heure, peut-être faut-il s’organiser pour ne pas en faire le « marketing ». Sachez-le; les tenues trop révélatrices, les décolletés trop plongeants et les jupes trop courtes font souvent jaser. Peut-être connaissez-vous l’émission du réseau TLC intitulée « What Not To Wear ». Les stylistes Clinton Kelly et Stacey London, spécialistes des tenues vestimentaires appropriées, ne cessent de répéter que nos choix de vêtements envoient des messages à ceux qui nous regardent. Quels messages souhaitez-vous émettre? À vous de décider. Il y a toujours moyen de choisir des tenues de soirée élégantes et seyantes, à bon prix, qui vous attireront des commentaires flatteurs et élogieux et non des blagues et moqueries. En cas de doute, optez pour une tenue plus réservée qu’osée.
  3. Fêter…pas nécessairement « dater ». On le sait, les partys de bureau peuvent parfois faire office de « lieux de rencontres » privilégiés où certains pourront enfin avoir la hardiesse d’aborder celui ou celle qu’ils ont secrètement dans l’œil depuis des lustres. Attention aux élans qui pourraient être trop « chaleureux » et ressembler à du harcèlement sexuel. Le petit « serrement » de trop, la caresse furtive, l’invitation à venir finir la soirée chez soi…etc. peuvent avoir des conséquences imprévues. La réserve a très souvent meilleur goût à cet égard. S’être aventuré trop loin dans une relation à cause d’un « party de bureau » en vaut-il vraiment la peine? Vous pourriez avoir des explications pas faciles à donner!!!

RESPONSABILITÉ DES EMPLOYEURS ET DES ORGANISATEURS

Les employeurs ont la responsabilité d’établir des balises à l’intérieur desquelles les partys de bureau peuvent se dérouler. Les choix que font les membres des comités organisateurs devraient faire l’objet de l’approbation d’un gestionnaire. Ce dernier pourra s’assurer que l’employeur ne se met pas à risque de créer des situations susceptibles de miner la sécurité des employés (ex: bar ouvert) et par le fait même, sa responsabilité sociale et sa réputation. Tenir un party en milieu de semaine, limiter les consommations d’alcool, mettre des alcotests à la disposition des employés, offrir des billets de taxi prépayés, organiser la présence de Nez Rouge, donner l’accès à des chambres d’hôtel sur les lieux du party, encourager le covoiturage avec chauffeur désigné, sont autant de mesures à considérer.

RESPONSABILITÉ INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE

Ultimement, il appartient à chacun de se comporter de façon responsable et raisonnable. On peut s’amuser ferme tout en demeurant un être pleinement responsable et conscient de ses actes. C’est un choix personnel avant tout.

Il incombe aussi à chacun de voir à ce que son supérieur ou son collègue ne quitte pas un party de bureau dans un état qui pourrait mettre à risque sa propre sécurité ou celle des autres. C’est une responsabilité sociale et morale.

Sur ce, bonnes célébrations!